Quelques repères

Famille

Gustave Doré est né le 6 janvier 1832 au 5 (aujourd'hui 16) rue de la Nuée-Bleue à Strasbourg.

Il est le fils de Pierre Louis Christophe Doré, ingénieur des Ponts et Chaussées, né à Coblence le 23 thermidor de l’an X de la République, et d’Alexandrine Marie Anne Pluchart, née à Paris le 20 juin 1806. Ils eurent deux autres fils, Ernest, né à Épinal le 1er juin 1830, qui deviendra compositeur et employé de banque et Émile Paul, né deux ans après Gustave, futur général. La famille Doré vivait sur de bons revenus, ce qui permettra à Gustave de s’adonner pleinement à son art.

Gustave Doré noua un lien très fort avec sa mère pendant toute sa vie ; celle-ci était remplie d’orgueil face au talent de son fils qu’elle qualifia souvent de génie. Ce soutien était moins partagé par son père qui le destinait à une carrière moins précaire et souhaitait l'inscrire à l'École polytechnique. En 1834, la famille Doré s'installe au 6 rue des Écrivains, près de la cathédrale gothique.

Jeunesse

Dès l'âge de cinq ans, Gustave Doré, doté d'un sens pointu de l'observation, montre un talent singulier pour le dessin. Dès l'obtention de sa première palette de peinture, la nuit venue, il peint en vert une poule qui terrifia toute la ville. Sa grande curiosité lui permet de multiplier les croquis éclectiques (scènes intimes ou urbaines, mythologiques ou de l'Antiquité). Gustave entre dans la classe de la pension Vergnette, place de la Cathédrale, comme interne où il commence à illustrer ses cahiers d'écolier et des lettres qu'il écrit à ses parents et amis. Il réalise ses premières caricatures, prenant pour objet son entourage. Son imagination fertile se nourrit de lectures et d'inspirations précoces exceptionnelles pour son âge. Doré dessine M. Fox, une série de six dessins à la mine de plomb inspirés par l'œuvre de Grandville.

Avec un ton humoristique et vivace, il enchaîne le dessin de scènes indépendantes en utilisant l'anthropomorphisme, il s'inspire notamment de Cham et de Rodolphe Töpffer, surtout de ses « histoires en estampes ». Doré apprend également le violon, qu'il maîtrise très vite et dont il jouera toute sa vie. En 1840, à l'occasion du quadri-centenaire de l'invention de l'imprimerie et de l'inauguration d'une statue de Gutenberg à Strasbourg, il propose à ses camarades d'école de reproduire le cortège historique. Il organise le tout, décore les chars et conduit le char de la guilde des peintres-verriers. Cet épisode inaugural a marqué rétrospectivement l'artiste et ses biographes.


Vogue de Brou par Gustave Doré (1845).
En 1841, le père de Gustave Doré, Jean-Philippe Doré, polytechnicien, est nommé ingénieur en chef des Ponts et Chaussées de l'Ain et la famille Doré s'installe à Bourg-en-Bresse. L'enfant aux dons précoces est un très bon élève du collège mais il se fait encore davantage remarquer par ses caricatures et ses dessins inspirés du monde bressan qui l'entoure. Il trouve une inspiration dans les décors gothiques et les maisons du Moyen Âge de Bourg.

À l'âge de 13 ans, en 1845, ses premières œuvres publiées sont trois dessins lithographiés à la plume par l'imprimerie Ceyzeriat de Bourg dont La Vogue de Brou. La même année il réalise Les Aventures de Mistenflûte et de Mirliflor un album de 16 pages.